Le Jeune Homme sous l'acacia de Hortense Dufour, Presses de la Cité

C’est encore une belle histoire qu’Hortense nous invite à lire avec son dernier roman “Le jeune homme sous l’acacia” publié le 3 mai dernier. L'histoire de Michel Thomas dit Bel-Ange, ce jeune homme qui passa son enfance à dessiner sous un acacia pour s’évader en attendant le jour où il pourrait  s’échapper vers un ailleurs.

C’est dans un hameau niché au cœur des marais qu’il vit le jour. Son père, Arthur Thomas, règne en patriarche sur le hameau composés de seulement deux fermes. Ils font tous partie de la même famille, ils sont paysans depuis la nuit des temps. Le travail est pénible mais au fond  ils sont heureux et on peut même dire qu’ils vivent dans une relative aisance. L’élevage des volailles est un commerce fructueux, ils ne manquent de rien mais ont-ils seulement des besoins ? Le petit grain de sable dans cet apparent équilibre c’est la naissance de Michel, 20 ans après son frère.

“La naissance de cet enfant imprévu marqua aux yeux de ses parents une détestable stupéfaction. Il faisait, en un sens, partie des catastrophes”.

Michel est l’enfant de trop, celui qu’on n’attendait pas, celui qui n’aurait jamais dû naître. Détesté par son père, délaissé par sa mère qui n’avait plus l’âge d’être une mère, Michel comprit très vite qu’il était un boulet et qu’il ne devrait sa survie que s’il se montrait transparent. Mais dans ce triste tableau, il y a un rayon de soleil, c’est l’amour que lui porte sa tante Ludivine, dite Didine.  Elle accueillit cet enfant comme une mère qu’elle aurait pu devenir si elle n’avait été enlaidie de disgracieuses infirmités. Elle sentit très vite que Michel était un être spécial à la beauté inégalée que les autres rejetaient parce qu’il ne leur ressemblait pas. Elle le baptisa “Bel-Ange” et il l’appela Didine-Divine. Il combla le néant de sa vie, elle lui apprit à aimer la nature et la poésie des choses et des êtres. Il passa son enfance, porté par l’amour de Tante Didine, à l’observer, à la dessiner parmi les fleurs de son jardin à l’ombre de son acacia.

Puis un jour, sans égoïsme, elle l’encouragea à prendre son envol. Son père accepta de lui financer ses études (un moyen qu’il disparaisse de sa vue) et sa mère le laissa partir sans un mot.

Une autre vie l’attendait à La Rochelle, celle d’un étudiant libre de son temps, libéré du regard haineux de ses parents, avec l’ambition secrète de devenir un dessinateur de BD reconnu. Sa logeuse l’accueillit avec une joie non dissimulée. Veuve depuis peu, ce jeune homme  apporta une bouffée d’oxygène dans sa maison et dans son cœur. Son locataire allait l’aider “à rompre ces chaînes invisibles qui, depuis si longtemps, faisaient ployer sa vie sous le joug des autres”, on aurait dit qu’il avait le pouvoir de modifier et les choses et les gens.

"Le jeune homme sous l’acacia" est une belle histoire traitée comme une fable contemporaine, une histoire où l’amour a le rôle principal, une histoire basée sur la résilience de tous ceux qui refusent leur rôle de victimes passives, de tous ceux qui ont des rêves fous, ces blessés de l’âme qui ont transformé leur souffrance en une rage de vivre.