Le voyageur des Bois d'en Haut de Jean-Guy Soumy Presses de la Cité

Camille a 16 ans, il est temps pour lui de quitter sa Creuse natale pour rejoindre tous ces hommes qui, comme chaque année à la fin de l'hiver, vont quitter femme et enfants pendant 9 mois et offrir leur savoir-faire de maçons dans les grandes villes, on disait alors qu'ils partaient "limousiner".

Camille veut tout apprendre du métier qui était celui de son père et le courage ne lui manque pas mais il est animé par une autre quête, il lui faut remonter sur les traces de son père, déclaré mort après la grande crue du Rhône en 1856 et dont le corps n'avait jamais été retrouvé. Chaperonné par son oncle, Camille va travailler dur, souvent plus de onze heures par jour à grimper aux échelles, un panier d'osier rempli de mâchefer sur les épaules mais sa souffrance sera plus forte encore quand il va devoir affronter une vérité à laquelle il ne s'était pas préparé. L'ouvrier aux mains d'or disparu quatre ans plus tôt,  son père tant aimé et qui lui manque tant, ne serait pas mort mais aurait fui, au bras d'une belle italienne. C'est ainsi que Camille nous convie sur les traces d'un absent, dans ce voyage initiatique, de chantier en chantier jusqu'au comté de Nice, à la frontière italienne.

Le Voyageur des Bois d'en Haut  est un beau roman qui va révéler un Camille adulte, prompt au pardon dans cette quête identitaire  et nous instruire sur un pan méconnu de l'histoire de France, l'histoire des maçons migrants de la Creuse qui ont participé à la reconstruction "Haussmanienne" de Lyon à la fin du XIXème siècle.