Charly 9 de Jean Teulé, Ed. Julliard
Après « Le Montespan », l’histoire du plus célèbre cocu de l’histoire de France, Jean Teulé, dans son 13ème roman, nous brosse le portrait de Charles iX,
le roi le plus « calamiteux » que l’histoire de France n’ait jamais connu.
Ce roi qui, forcé par sa mère Catherine de Médicis, ordonna le Massacre de Saint Barthélémy la nuit du 24 août 1572. Conscient du carnage qui allait s’ensuivre, il s’y oppose au début mais finira, comme toujours, par lui obéir, incapable de se soustraire à l’autorité féroce de la Reine Mère qui voulait éxterminer tous les ennemis de la France Catholique. Toute l’Europe en sera épouvantée, sauf l’Espagne et le Pape qui, pour le féliciter, lui fera parvenir une épée bénite !!!
Les scènes de ce carnage vont commencer à le hanter, le jour il sera pris d’hallucinations et la nuit, il fera d’horribles cauchemars. Un énorme poids pèse sur sa poitrine, il étouffe petit à petit, la culpabilité d’avoir ordonné la mort de milliers de protestants le tue à petit feu et le fait tomber dans la démence. Il mourra seulement un an et demi après le massacre à l’âge de 23 ans.
Jean Teulé s’attache à nous décrire l’atmosphère quasi surréaliste qui régnait alors au Louvre. Comme par exemple quand Charles IX faisait lâcher un cerf dans le Louvres pour le chasser, armé de son épée bénite en soufflant dans un cor de chasse ; ou quand il prenait les gardes suisses pour des alouettes et leur courait après pour les mettre dans une cage. C’est lui aussi qui décida que l’année commencerait le 1er janvier au lieu du 1er avril, ses sujets trouvant cette idée ridicule, ils inventent le poisson d’avril. C’est lui encore qui décide de distribuer comme porte-bonheur du muguet le 1er mai, sans savoir que le muguet est la plante la plus toxique qui soit. Ce muguet offert par le roi fut ajouté dans la soupe causant des centaines de morts…
Le roi lui-même était devenu le bouffon de la Cour. Détesté, haï, il devint le roi le plus impopulaire que la France n’ait jamais connu. Lui-même avouera être heureux de ne pas avoir d’héritier au trône, sachant qu’il ne laisserait comme souvenir de faits d’arme, que cette honte du massacre de Saint Barthélémy. Jean Teulé réussit à cependant nous faire ressentir de la compassion pour ce jeune homme trop naïf et bon, « un gentil garçon » au demeurant, qui n’a pas su se libérer de l’emprise d’une mère rongée par le goût du pouvoir. D’une plume alerte, il nous conte avec tout l’humour qu’on lui connaît la triste histoire de ce triste sire.