Edward Hopper, le dissident de Claude-Henri Rocquet, Ed. Ecriture
Issu de parents modestes d’origine anglaise, hollandaise et française, Edward Hopper grandit dans l’état de New York. Il naît seulement 18 ans après la fin de la guerre de Sécession, l’Amérique sort peu à peu du marasme, se modernise, le chemin de fer fait son apparition, les lignes électriques commencent à sillonner le paysage. Il grandit avec sa sœur dans la boutique de ses parents, un commerce de tissu et de mercerie. Edward est un rêveur, un contemplatif, il passe des heures à scruter l’horizon, à dessiner les bateaux qui passent. Il rêve d’un ailleurs, loin de la boutique familiale où seront pourtant exposés ses premiers dessins, il n’a que 10 ans. Enfant solitaire et studieux, celui que ses camarades appellent « sauterelle » à cause de sa grandeur et de sa maigreur, s’évade et rêve d’être artiste peintre. Mais le dessin ne fait pas vivre son homme, lui dit son père qui ne va pas s’opposer à ce qu’il suive des cours de dessins mais pour devenir dessinateur publicitaire.
Après avoir passé 6 années à la New York School of Art de New York, il s’émancipe peu à peu des principes religieux rigoureux de sa famille et part en Europe. Là son talent s’affirme peu à peu. Il a 24 ans. Ses maîtres incontestés sont Manet et Caillebotte, il marque une indifférence totale pour le cubisme qui émerge et ne fréquente aucun atelier. La vie de bohême, d’artiste ne l’intéresse. Il aime observer les Parisiens, les peint dans leur vie quotidienne, dans leur travail.
C’est en 1923 qu’il fera la rencontre de sa future femme, Joséphine, une rencontre capitale pour la suite de sa carrière. Joséphine est peintre, elle est d’une jalousie maladive et exige d’Edward Hopper d’être son unique modèle. Ils incarnent un couple de légende à l’image de Zelda et Scott Fitzgerald, écrivant une nouvelle page de l’amour vache, des deux artistes, l’un doit s’effacer. Joséphine le fera mais en éprouvera un vif ressentiment et mènera la vie dure à son artiste de mari. Et si l’œuvre de Hopper décline avec une grande économie de moyens, l’insoutenable solitude de l’homme dans la ville moderne, elle raconte aussi, en filigrane, le naufrage d’un couple.
« Peindre est toujours pour le peintre, porter au jour au moins une partie de sa vie intérieure ». Il disait que sa peinture avait son origine non seulement dans le monde extérieur, mais en lui, voilà pourquoi il parlait peu de sa peinture. Le silence est au cœur de sa peinture, il hante ses toiles pourtant habités de personnages, mais figés. Eux !!!
Une dernière toile "Two Comedians" peinte en 1966 un an avant sa mort, signe la fin des hostilités. Tous deux en habit de Pierrot saluent leurs spectateurs. C'est le clap de la fin, la fin de 40 ans de vie commune, un hommage à sa femme-artiste.
Bien qu’il y ait dans chaque bibliothèque des amateurs de biographies, le genre n’est pas toujours ce qui "sort" le mieux, à plus forte raison quand il s’agit de biographies de peintres.
Alors pourquoi j’ai choisi de vous présenter la bio d’Edward Hopper ? Un parce qu’il figure parmi les grands peintres internationalement connus, deux parce que l’auteur ne se contente pas seulement de nous raconter sa vie, son enfance et ses débuts d’artiste, il situe chaque élément de la biographie du peintre à travers le filtre des toiles du maître et trois, parce que le livre fait suite à l’exposition qui lui est dédiée au Grand Palais à Paris.
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