La Femme sauvage de Michel Gardère, Ed PRESSES DE LA CITE
C'est dans la haute vallée ariégeoise qu'on aperçut pour la première fois en été de 1807, une femme nue accompagnée d'un ours.
Deux chasseurs du village de Suc étaient venus y chasser le chamois. Au sommet du Montcalm, ils sont les témoins d'une étrange scène. Une femme nue qui, avec une agilité incroyable, saute de rochers en grosses pierres en compagnie d'un ours.
A leur retour au village, leur récit n'attire au début que railleries de la part des villageois, mais la nouvelle se propage de village en village. Cette femme va alors être tour à tour être appelée la blondine de Montcalm, la folle des Pyrénées, la maîtresse de l'ours, la nuda de la luna et devenir l'héroïne d'un conte pyrénéen.
Une battue est alors organisée et elle est enfin capturée. Malgré sa peau tannée, ses allures de folle, ses cris, on perçoit une certaine classe chez elle, une classe et un port que l'on ne croise pas souvent dans ces montagnes. Serait-elle une noble ?
On la ramène au village attachée à une forte branche portée par deux hommes. C'est le curé de Suc qui va l'accueillir, il est le seul à parler français et lui seul, aidé de Dieu, pourra l'interroger. Elle répète alors la même litanie "Robespierre a tué mes parents, les ours sont mes amis, ils me protègent !" Elle parviendra à s'évader durant la nuit, les villageois ont fort à faire et décident de ne plus la rechercher, pensant qu'elle ne résistera pas au froid de l'hiver. Mais au printemps suivant, elle réapparaît dans le paysage Ariégeois, échauffant les esprits des villageois qui décident de la capturer à nouveau. La Garde Nationale est alors diligentée. On l'emmène chez les bonnes sœurs à Foix d'où elle s'évade à nouveau. On la capture une 3ème fois et on l'embastille cette fois dans la tour prison de Foix. Sans rien boire ni manger, durant la nuit du 28 au 29 octobre la folle des Pyrénées décèdera dans ce trou à rats.
La date de son décès sera consignée dans les registres de la Mairie de Suc. Mais de nombreux éléments prouvent qu'elle n'est pas morte. Par exemple, c’est Arnaud Bourthol qui a signé l'acte de décès en tant que concierge de la prison, or il ne l'était pas, le médecin de la prison n’a pas déclaré pas d’avis de décès et le curé n’a pas consigné dans ses registres sa mort. Certains documents ont curieusement disparu, notamment le Journal de l'Ariège de l'époque. De plus, pourquoi le redoutable Fouché, Conseiller d'Etat, chargé de la police générale de l'Empire, s’intéressa-t-il tant à elle et refusa-t-il qu'elle sorte de prison ?
Michel Gardère, ancien journaliste de l’Evènement du Jeudi, a mené l'enquête sur cette incroyable mais authentique histoire et nous livre dans ce roman aussi captivant qu’un polar, sa propre conviction, quant à la véritable histoire de la Dame de Montcalm, la folle des Pyrénées, la femme sauvage qui vivait avec un ours.