La fête de l'ours de Jordi Soler, Ed. Belfond
Ed. Belfond, Janvier 2011, 210 p.
Depuis février 39, on avait perdu la trace du grand-oncle Oriol. On savait qu’il avait tenté de traverser les Pyrénées pour échapper aux franquistes. On savait qu’il était blessé, On disait qu’il s’était comporté en héros pour sauver quelques uns de ses camarades soldats, on avait élevé un culte à sa mémoire.
Le grand-oncle Oriol avait été un héros de la Guerre d’Espagne, la famille honorait sa mémoire. Son frère Arcadi n’avait jamais abandonné l’espoir de le revoir un jour, mais Oriol ne revint jamais. En 2007, l’écrivain mexicain d’origine catalane, Jordi Soler est invité à une conférence à Agelès-sur-mer, le lieu même où son grand-père Arcadi avait été interné, comme le furent des milliers d’Espagnols à l’époque. C’est alors qu’une vieille dame s’approche de lui et lui remet sans mot dire une photo et une lettre avant de disparaître. 3 soldats républicains figurent sur cette photo, son grand-père Arcadi, son grand-oncle Oriol et leur père.
La lettre qui l’accompagne lui révèle une incroyable histoire. Oriol que la légende familiale avait transformé en héros ou reconverti en pianiste en Amérique Latine aurait passé sa vie ici, dans un petit village.
L’enquête démarre, Jordi Soler remonte le fil du temps et part sur les traces de cet homme, devenu un mythe dans leur famille. Il va peu à peu reconstituer la vie d’Oriol qui en réalité est loin d’être aussi glorieuse que la famille ne l’avait imaginée.
Comment cet homme sauvé par un chevrier, amputé d’une jambe, a-t-il pu devenir un bandit sans scrupule, capable de détrousser les familles juives qui fuyaient les camps de réfugiés. Comment et pourquoi cet homme s’est-il transformé en bête sauvage, un traître qui n’hésitera pas à trahir ceux qui l’ont sauvé, un monstre impitoyable et cupide, un assassin ? Cet homme, vit toujours, pas loin de là, à l’ombre dans sa cellule.
Après « Les Exilés de la mémoire » racontant le destin d’Arcadi, réfugié républicain dans la forêt de Veracruz, « La dernière Heure du dernier jour » sur la vie des Espagnols exilés au Mexique, Jordi Soler termine sa trilogie romanesque autobiographique avec ce roman bouleversant, où se mêlent plusieurs genres littéraires, épopée, journal intime, saga familiale et thriller.