Tu verras de Nicolas Fargues chez P.O.L
« Aimer son enfant, est-ce en aimer un autre que soi, ou bien continuer de s’aimer soi-même,
mais sans s’accabler de la mauvaise conscience d’être égoïste ?
Clément a 12 ans, il vit chez son père Colin depuis le divorce de ses parents. Colin est devenu par la force des choses, un père attentionné, un papa poule, une mère de remplacement. Père par accident, il a assumé son rôle par devoir au début, mais très vite, Clément est devenu sa raison de vivre. Pourtant, le petit couple qu’ils forment tous les 2 commence à se fissurer.
Maintenant qu’il a une quarantaine d’années, il s’aperçoit tous les jours que son bébé a grandi, qu’il lui échappe irrémédiablement. Clément est un préado qui lui interdit dorénavant de venir le chercher à l’école, qui porte des jeans qui descendent au ras des fesses, qui écoute du rap, qui fréquente des bandes de copains de toutes ethnies, qui décide de ne plus manger de porc, qui s’ouvre aux premiers émois de l’amour.
Toutes ces petites transformations irritent Colin, il ne décolère pas, il passe sa vie à le réprimander, à le corriger pour qu’il parle correctement, qu’il cesse d’écrire en langage SMS, à le sermonner, le punir pour ses mauvaises notes. Colin l’agace, l’irrite, l’empêche de refaire sa vie.
Mais un jour, tout s’arrête, Clément meurt brutalement, à la suite d'un accident de métro.
C’est le point de départ du roman, Colin revient alors en détail sur la vie de son fils, sur les parts d’ombre d’un petit être qu’il croyait connaître mieux que lui-même, parce qu’il l’avait fait. La mort de son enfant le plonge dans l’abime, il fait le point sur sa vie, sa raison de vivre, aura-t-il le courage de survivre à la mort d’une partie de lui-même ? C’est un roman bouleversant, celui du deuil d’un enfant, de la vie après, de la vie quotidienne d’un enfant confronté au divorce de ses parents, du malaise de la pré-adolescence, mais aussi de cette société qui met en péril les enfants livrés à eux-mêmes face à l’ogre d’Internet et Facebook. Colin ne s’est aperçu de rien, il s’est contenté de reproduire son propre modèle d’éducation bourgeoise, mais les temps ont changé et même à 40 ans, on est dépassé, on ignore tout des dangers parce qu’on est aveuglé par les valeurs de son temps. Ce deuil le contraint à une totale remise en cause avec son lot de culpabilité, de responsabilité, de remords et de regrets.