L’année 1848 fut mouvementée pour la « Dame de Nohant », une période sombre jalonnée de grandes déceptions. Frédéric Chopin a été emporté par la phtisie, elle a quitté son château de Nohant pour participer à la création de la Belle République, déçue par la violence des événements de juin, elle y retourne en 1849 pour se consacrer à la littérature. George Sand a 45 ans, elle est en froid avec sa fille Solange qu’elle a chassée du château lui reprochant sa paresse et sa frivolité, elle vient d’apprendre le décès prématuré de sa petite-fille. Seul son fils vient encore à Nohant, elle lui écrit des pièces. Il arrive alors accompagné de deux amis. L’un est un révolutionnaire allemand, un homme à fière allure et un autre, Alexandre Manceau, silhouette insignifiante.
Alors que George Sand succombe aux charmes virils de l’Allemand. Alexandre est subjugué par cette femme mais trop timide pour s’imposer à elle, il patiente dans l’ombre. Il a 32 ans, il est graveur, autant dire loin des hommes que George Sand a l’habitude de fréquenter. Qu’est-il en comparaison des génies qui l’ont aimée, comme Musset, Chopin. Il va gagner peu à peu son cœur, elle va finir par être touchée par ce jeune garçon si dévoué, si timide, si effacé.
Elle apprendra à mieux le connaître, reconnaître en lui tout ce que les autres hommes ne lui avaient pas offert, Alexandre Manceau est un homme qui malgré sa différence d’âge ne cherche pas à être materné, un homme qui donne au lieu de toujours recevoir. George Sand est conquise, il sera son dernier amour, un amour paisible et équilibré qui durera près de 15 ans. Cette période marquera un tournant dans sa vie de femme mais aussi dans sa vie d’écrivain puisqu’elle publiera pas moins de 50 livres dont 26 romans.
Alexandre Manceau endossera à la fois la fonction de factotum de Sand, intendant à Nohant, metteur en scène, père de substitution et amant. Elle peut enfin se reposer sur un homme dont le dévouement est sans limite et qui partage ses goûts, notamment pour le théâtre.
" Il est laborieux comme elle, mais ils ne sont pas en rivalité. L'écart d'âge protège leur ego. Chacun donne à l'autre ce qu'il lui manque, leur couple est placé sous le signe de la complémentarité. Moins narcissique, moins romanesque que celui que George formait avec un Musset ou avec un Chopin, il ne se réduit pas pour autant à un simple compagnonnage.
Son chevalier servant l'honore, y compris au sens amoureux du terme." p.95
La nouvelle passion de George Sand va susciter bien entendu la médisance, la raillerie et la jalousie de Maurice, son fils, qui fera en sorte de faire disparaître toute trace de Manceau, une fois sa mère morte.
Rédigée par Evelyne Bloch-Dano, chroniqueuse au Magazine littéraire et auteure d'autres biographies telles que "Madame Proust" ou "Madame Zola", « Le dernier amour de Gerorge Sand » est une biographie passionnante qui outre de nous faire connaître le dernier et véritable amour de George Sand, nous plonge dans le contexte historique de la France du XIXème siècle et nous décrit une femme, Républicaine militante et féministe dans l'âme, qui osa dépasser les tabous, ignorant la calomnie des bien-pensants hypocrites de son époque…
Un grand plaisir de lecture qui m’a donné l’envie de goûter à nouveau la prose un peu oubliée de cette femme si moderne !