Jaume Cortès est journaliste, il a quitté il y a 4 ans sa femme Rosa et ses deux enfants Gloria et Albert pour partir comme correspondant à Buenos Aires. Alors qu’il est en disponibilité temporaire, dans l’attente d’un poste, il décide de revenir à Barcelone pour être au chevet de son père agonisant. Rosa a dû faire face toute seule à cette séparation, elle a fait pour ses enfants le sacrifice de sa vie de femme et encore pour eux accepte que son mari rentre au foyer. Jaume n’a qu’une idée en tête, celle de renouer avec son fils Albert alors âgé de 15 ans. Il pense que le meilleur moyen de se retrouver seul avec son fils est de l’emmener à Paris pour assister à la finale de la Ligue des champions 2006 entre le Barça et Arsenal.
« Pourquoi tu es revenu ? » seront les premiers mots que lui adressera son fils.. Jaume ne s’y était pas préparé, il s’attendait plutôt à « pourquoi es-tu parti ». Albert est un garçon assez réservé, il a souffert secrètement de l’absence de son père, il est alors partagé entre la joie de le revoir et la rancune qui subsiste au fond de son cœur. Accepter de partir avec lui, c’est accepter tacitement son retour, lui obéir en fin de compte.
Jaume n’est pas un supporter forcené, il sait qu’en emmenant son fils, une autre vie va commencer. Le voyage sera l’occasion pour lui de se pencher sur son passé, sa famille, ses relations conjugales et surtout ses liens si distendus entre lui et son fils. Il perçoit que dans ce train se trouve l’une des rares choses certaine, tangible et réalisable, susceptible de le lier à son fils sans jouer la comédie. Il est dans ce train pour reconquérir un fils, pour ne pas le perdre, pour une histoire de père et de fils qu’il lui faut reconstruire.
Il observe son fils qui finit par se dérider au contact de jeunes supporter venus eux aussi assister au match, tous ont laissé leur vie en suspens, enivrés comme les guerriers la veille de la bataille. Gloria quant à elle, reste sur sa position, elle en veut à son père d’avoir tenté son jeune frère avec ce voyage, elle vit à Dublin. Albert ne le hait pas comme Gloria, non, simplement il a oublié qu’il avait un père.
Au cours de ce voyage, il apprendra peu à peu ce qu’est un père, et qui est son père, non pas un être de fiction, bien souvent fantasmé. « le foot est le terrain des émotions primaires, l’enjeu est d’essayer de vivre une vie possible, sans rompre le fil.
L’événement sportif est le prétexte pour Villatoro d’exploiter avec maestria le sentiment d’amour paternel mais aussi celui d’appartenance à une entité géographique, en l’occurrence la Catalogne. Né en 1957 à Terrassa, dans la province de Barcelone, Vicenç Villatoro a publié de nombreux romans et obtenu les principaux prix de la littérature catalane.